Programmes sous contrat

Les programmes de recherche sous contrat sont des projets financés dans le cadre de conventions engageant le laboratoire et des institutions publiques ou privées, régionales, nationales ou internationales.

PredicMO - Grammaires de la prédication : lexique, cartographie, mise en scène (Moyen-Orient, XIXe-XXIe siècles) 
Supervision : Norig Neveu (IREMAM), Marie-Laure Boursin (IDEAS), Raphaël Bories (Mucem)

PredicMO (2024-2028) envisage la prédication comme un élément commun aux trois religions abrahamiques, pourtant sous-étudiée dans sa dimension connectée. Le projet entend établir une « grammaire » commune de la prédication, comprise comme un ensemble de principes, règles, stratégies et modèles, ainsi que leurs variations. Alors que le judaïsme réfute sa vocation universelle, l’islam et le christianisme ont placé la prédication au cœur de leur doctrine. Moteur du « faire croire », la prédication est entendue comme un dispositif incarné par la présence d’un individu ou d’un groupe sur un territoire afin de constituer ou consolider une communauté de croyants. Adoptant une perspective wébérienne, le programme se concentre sur la prédication qui avec l’objectif de convaincre se développe en contexte de crise du religieux, et pas strictement sur la cure des âmes. La prédication en tant que dispositif interne et externe constitutif des expériences de foi a été constamment remodelée depuis la fin du XIXe siècle. PredicMO se concentre sur ses réinventions et redéfinitions contemporaines.

Pour ce faire, PredicMO choisit un observatoire, le Moyen-Orient, comme espace d’élaboration mais aussi de circulation, d’importation ou d’exportation de modes de prédication. Les territoires concernés par l’enquête (Égypte, Israël, Palestine, Jordanie, Liban, Syrie, Irak) ont tous connu ce phénomène d’ampleur. PredicMO s’arrêtera sur les influences, émulations et concurrences présentes dans les discours de prédication et leurs stratégies spatiales, avec une attention particulière aux trajectoires transnationales des acteurs, flux financiers, idées, médias et à la circulation de modèles.

L’équipe de PredicMO se compose de 25 membres d’horizon disciplinaires variés (histoire, anthropologie, science politique, islamologie) et émane d’un partenariat entre trois institutions l’IREMAM, l’École française de Rome (EFR) et l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) en collaboration avec le Mucem. Le programme de recherche se structure autour de 3 axes :
- Modèles et lexiques de la prédication (coord. N. Neveu).
- Cartographie de la prédication et des prédicateurs : circulation et réseaux transnationaux (coord. K. Sanchez Summerer & M. Rey).
- Mise en scène de la prédication (coord. M-L Boursin, R. Bories).

Les trois axes s’articulent autour d’une même préoccupation méthodologique : celle d’une approche décloisonnée de l’étude des trois religions monothéistes, par l’intermédiaire d’un objet commun : la prédication, et via l’objectif d’établir une « grammaire » de ce dispositif. PredicMO, au-delà des apports théoriques centraux à l’étude du fait religieux contemporain qu’est l’étude de la prédication, est un espace d’évaluation critique et de réflexion méthodologique. PredicMO, outre ses apports théoriques, les publications et la valorisation scientifiques, aboutira à la mise en ligne d’un dictionnaire des mots de la prédication, d’un catalogue en ligne de ses sources et d’une cartographie des itinéraires des prédicateurs. La collaboration avec le Mucem conduira à l’intégration de certaines pièces de la recherche-collecte aux collections du musée mais également à l’élaboration d’une exposition itinérante.

27-29 mars 2024, Mucem, Marseille : colloque de lancement de l'ANR PredicMO, "Les grammaires de la prédication. Lexique, cartographie, mise en scène (Moyen-Orient, XIXe-XXIe siècles)" / International Conference 'Grammars of Preaching: lexis, mapping, staging (Middle East, 19th-21st centuries)'. En partenariat avec l'Ifpo (Institut français du Proche-Orient) le Mucem et l'École française de Rome

Subsidies Lift in the Middle East and North Africa: Unveiling the Politics of Welfare in Post-Uprising Societies/La levée des subventions au Maghreb et au Moyen-Orient : rapports politiques, transformations de l’État et protection sociale après les soulèvements arabes

Coordonnée par Marie Vannetzel, le projet est co-porté par l’IREMAM à Aix-en-Provence (UMR7310), le CERAPS à Lille (UMR 8026) et l’IFPO à Beyrouth (UAR 3135), et se terminera en 2026.

Membres de l’équipe : Marie Vannetzel (CNRS-IREMAM, coordinatrice générale), Myriam Catusse (CNRS, responsable IFPO), Amin Allal (CNRS, responsable CERAPS), Eric Verdeil (FNSP), Assia Boutaleb (Université Paris 1 Sorbonne), Pierre France (OIB).

Le projet SUBLIME, qui a débuté en janvier 2023, étudie le changement qui ébranle l’un des piliers de l’État social dans le monde arabe : les subventions à la consommation, en particulier sur la nourriture et l’énergie. Dans plusieurs pays, la tendance est au basculement de cet ancien modèle de protection sociale à visée universelle vers de nouveaux programmes ciblés de transferts monétaires (cash transfers). Cette tendance a été renforcée par les soulèvements de 2011 et 2019 dans la région, qui ont été interprétés, par de nombreux acteurs (bailleurs internationaux, gouvernants, experts, chercheurs etc.) comme une demande de renouvellement des « contrats sociaux » hérités des indépendances.
Par une approche critique des postulats associés à l’idée de contrat social, à la vision des subventions comme instrument de subordination ou comme fardeau budgétaire, le projet SUBLIME cherche à revisiter les rapports entre ces formes de redistribution sociale (subventions, cash transfers), les processus de réforme, et les dynamiques afférentes de consentement, politisation et mobilisation. Il vise à produire des études empiriques et comparatives dans quatre sociétés post- soulèvement – la Tunisie, l’Égypte, l’Algérie et le Liban. Le projet prend pour objet la « levée » des subventions comme révélateur de la texture politique plurielle des subventions : les réformes engagent des conflits au sein des chaînes d’approvisionnement socio-économiques et des relations bureaucratiques, engendrent des débats politiques ambivalents et des mobilisations sectorielles, et produisent de nouvelles « couches imbriquées » de politiques sociales.

@ Peter Sinclair

Photo @ Peter Sinclair

« Expérimentations artistiques et dispositifs critiques »

Coordination : Cédric Parizot (IREMAM) et Peter Sinclair (Locus Sonus)

Depuis 2021, en collaboration avec Locus Sonus, unité de recherche de l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en-Provence Félix Ciccolini, l’Institut de Recherche et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (CNRS/Aix Marseille Université) a lancé le programme « La recherche par l’écoute : expérimentations artistiques et dispositifs critiques. » Dans le cadre de ce nouveau partenariat, inscrit dans l’accord cadre entre le CNRS et le ministère de la Culture, l’enjeu pour les artistes et les chercheurs, sera d’expérimenter des approches du monde, articulées autour du son, de la vision et du tactile. 

Cette collaboration a pour objectif de développer une réflexion pratique autour des modes de perception et de conceptualisation des espaces et des limites. Elle s'appuiera sur l'exploration de dispositifs collaboratifs et expérimentaux de captation et d'écoute. Ceci permettra de s’interroger sur les caractéristiques des espaces sonores ainsi que sur les dispositifs et modalités à travers lesquels les chercheurs accèdent à leurs terrains d'enquête. Plus largement, ce partenariat permettra d’amorcer une réflexion critique autour des modes de conceptualisation et de construction de nos objets de recherche, artistiques et scientifiques. Elle offrira ensuite la possibilité de redéployer ces objets pour les envisager à travers des approches et des dispositifs renouvelés.

Au cours de ces deux premières années, ces expérimentations porteront autour du thème des espaces et des limites. Elles se construiront en articulant des axes de recherche propres à chacune des unités, par exemple, l’axe « Audio en réseau et espaces sonores (Nouveaux auditoriums) » de Locus Sonus, « Circulations, espaces, régulations » et “Recherche, arts et pratiques numériques” de l’Institut de Recherche et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM).

logo-lipol

Photo © LiPol 

Le programme Littératures Populaires du Levant (LiPoL), coordonné par Iyas Hassan et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (projet ANR-19-CE27-0024), est un programme de recherche pluridisciplinaire portant sur un vaste ensemble de manuscrits du Roman de Baybars (la « Sîra », Sīrat al-Malik al-ẓāhir Baybarṣ) et leur édition partielle aux Presses de l’Ifpo. Composé de plus de dix millions de caractères, ce texte est le plus grand corpus jamais publié en moyen-arabe et constitue un objet de recherche unique dans ce domaine.

Les manuscrits, collectés par des chercheurs de l’IFEAD à Damas dans les années 1990 et 2000, ont été numérisés par photographie à la fin des années 2000. C’est ainsi que LiPoL dispose maintenant de plus de 30.000 fichiers, représentant environ 60.000 pages de cahiers utilisés par les conteurs des cafés de Damas au cours du XXe siècle.

En se repenchant sur ces cahiers, les membres du programme se sont dotés de plusieurs objectifs pour valoriser ce riche patrimoine culturel et scientifique : relancer la recherche dans le domaine de la littérature populaire levantine, mettre en libre accès la version numérique des manuscrits et leur édition numérique, mais aussi soutenir et accompagner les jeunes conteurs du  Proche-Orient qui font revivre la tradition du conte oral.

Cinq pôles académiques travaillent en coordination pour l’avancée du programme : les universités Lyon 2 et Lyon 3, AMU, l’Inalco et l’Ifpo

Composé de plus de dix millions de caractères, ce texte est le plus grand corpus jamais publié en moyen-arabe et constitue un objet de recherche unique dans ce domaine. Plusieurs axes de recherches seront développés :
un axe numérique, sous la responsabilité de Jean-Christophe Peyssard, qui visera à faire une édition numérique critique du texte et à créer un instrument de recherche des manuscrits numérisés, mis en lien avec un outil de transcription collaborative en libre accès,
un axe linguistique, sous la responsabilité d’Iyas Hassan, qui s’attachera à l’étude du moyen-arabe, forme particulière d’arabe utilisée pour le récit de la Sîra,
un axe socio-historique, sous la responsabilité de Philippe Bourmaud, qui mettra en lumière les liens entre les thématiques abordées par le récit et le public auquel il s’adresse,
un axe esthétique, sous la responsabilité d’Iyas Hassan, consacré aux aspects proprement littéraires du texte, de ses origines médiévales à sa narration contemporaine. Consacré aux aspects proprement littéraires du texte et à des problématiques relevant de l’histoire de la littérature ou de sa pratique contemporaine, cet axe permettra d’envisager la Sīra comme une œuvre composite et d’examiner ses différents points d’ancrage dans le paysage littéraire arabe médiéval, moderne et contemporain. Ainsi, l’axe Esthétique prendra en charge un ensemble de questions concernant des phénomènes d’intertextualité, la datation des manuscrits et des épisodes et la place des romans populaires dans les sociétés arabes d’aujourd’hui. On s’attachera particulièrement à établir certaines correspondances entre la matière narrative utilisée par le Roman de Baybars et les Mille et Une Nuits, et, plus largement, la littérature arabe médiane, qui regroupe les Nuits et des recueils analogues souvent inexplorés. Membres de l’axe : Mohamed Bakhouch, professeur des universités (IREMAM - Aix-Marseille Université) ; Georges Bohas, professeur des universités (ENS Lyon) ; Simon Dubois, chercheur MEAE (Ifpo) ; Najla Nakhlé-Cerruti, chercheure (Ifpo) ; Aboubakr Chraïbi, professeur des Universités (Inalco) ; Iyas Hassan, professeur des Universités (Sorbonne Université) ; Rosa Pennisi, post-doctorante (IREMAM - CNRS).