CIRCULATIONS, ESPACES, RÉGULATIONS

Participant·e·s IREMAM : S. Belguidoum, V. Berhault, N. Bulbul, K. Chachoua, A. Dusserre, J. Honvault, R. Jacquemond, C. Mussard, C. Parizot, C. Rhoné-Quer, I. Seri-Hersch, F. Siino, C. Vendryes

Depuis sa création, l’IREMAM s’intéresse aux mutations des formes de circulations des personnes (migrants, touristes, commerçants, etc.), des technologies (politiques, juridiques, sécuritaires, etc.) et des marchandises en Afrique du nord, au Moyen-Orient et à travers la Méditerranée. Cet axe s’interroge sur la manière dont les transformations des mobilités contemporaines contribuent à restructurer les espaces, les mécanismes de régulation et les frontières qu’elles traversent.

Au cours de la décennie 2000, l’évolution des modes et des parcours migratoires dans cette région n’a pas uniquement suscité des réactions politiques et sécuritaires au sein des pays européens au point de remettre en cause les équilibres politiques, économiques et sociaux établis au sein de l’espace Schengen. Au sud et à l’est de la Méditerranée, de nouveaux dispositifs de blindages des frontières (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Turquie, Arabie Saoudite, etc.) ont été mis en place, les cadres juridiques et législatifs se transformant simultanément dans un sens restrictif. Ainsi, les Etats du Maghreb et du Moyen Orient ont entrepris de réformer des législations restées inchangées depuis les indépendances, touchant aussi bien au franchissement des frontières qu’à l’accès à la nationalité. Dans une perspective similaire, la globalisation générale des échanges et l’éclatement des conflits qui ont suivi les printemps arabes ont contribué à réorienter les réseaux marchands. Qu’ils acheminent des produits de consommation courante en provenance de Chine vers le Moyen Orient et le Maghreb ou qu’ils prennent en charge l’exportation clandestine d’hydrocarbures vers l’Asie, l’Europe ou l’Amérique, ces échanges ont pour effet de réorganiser les routes commerciales, les espaces économiques, ainsi que les centralités urbaines de certains pays de la région.

La recherche menée à l’IREMAM sur les circulations s’est depuis peu étoffée par les travaux des historiens et des chercheurs en études culturelles. Depuis 2015, les historiens ont entrepris de discuter, à l’aune de leurs propres recherches, les propositions récentes de l’historiographie sur la mondialisation et les « histoires connectées ». Ils ont ainsi placé la question des circulations au centre de leurs interrogations sur l’Etat et les frontières à différentes époques, et sur des terrains trop peu souvent croisés ou mis dans une perspective comparative (empires français, anglais, ottomans ; Afrique, Europe, Océanie, Orient arabe..). L’intérêt de la biographie circulatoire a été renouvelé, tout en mettant en question une histoire connectée trop détachée de l’histoire sociale. Les chercheurs ont également interrogé la pertinence de l’histoire connectée – et de ce qui s’échange de manière générale - dans des espaces déjà connectés comme, par exemple, la Méditerranée à l’époque moderne. Dans un même mouvement, ils ont enfin proposé de réfléchir sur ce que l’histoire connectée, notion forgée par l’Histoire moderne, peut apporter aux situations de l’histoire contemporaine. Ces travaux dialoguent avec ceux des chercheurs en études culturelles qui étudient les effets de la circulation des textes et des œuvres, via les flux de traduction notamment, sur la formation et la transformation des cultures nationales dans l’aire méditerranéenne.

Dans une optique résolument transdisciplinaire, cet axe fait non seulement converger les approches des études culturelles, de la sociologie, de l’anthropologie, de la géographie, de l’histoire, du droit et de la science politique, mais aussi celles d’artistes et de professionnels (douaniers, militaires, industriels, membres d’ONG, etc.). L’objectif est double : il s’agit, d’une part, de s’appuyer sur la complémentarité des savoirs pour cerner un objet toujours plus complexe et dynamique, et d’autre part, de jouer sur la confrontation des pratiques et des perceptives pour dégager de nouvelles pistes de recherche.

Programmes de recherche

- antiAtlas des frontièresLabexMed, IMéRA, LAMES, LEST, Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Pacte (Universités de Grenoble/CNRS), coordination : Cédric Parizot
- MIGRINTERACT (La fabrique du droit des migrations au Maghreb), Action Marie Curie, Commission européenne, coordination : Delphine Perrin
- MONDISMAG – PHC Maghreb, coordination : Saïd Belguidoum, Olivier Pliez (LISST) poursuit le programme initié en 2016 sur la circulation des biens et des personnes entre Asie/Maghreb/Europe.
- Circulation des savoirs et des textes en Méditerranée coord. R. Jacquemond (IREMAM/Fondation Abdul-Aziz Al Saoud). 
- Traduction et circulation des idées en sciences sociales, coord. K. Chachoua (IREMAM/CNRPAH/CRASC).