Rencontre-Débat de l’IREMAM - Giulia Fabbiano

Giulia Fabbiano, anthropologue (Idemec, LabexMed) présentera son ouvrage : Hériter 1962. Harkis et immigrés algériens à l'épreuve des appartenances nationalesPresses universitaires de Paris Nanterre, 2016, 266 p.

Mardi 14 novembre 2017, 14h30, MMSH, salle Paul-Albert Février. Séance animée par Karima Dirèche (DR CNRS Telemme).

Plus d'un demi-siècle après la fin de la « guerre d'Algérie », les descendants d’immigrés et de harkis sont légataires de la fracture créée au moment de l’indépendance, en 1962. Ils sont présentés comme appartenant à deux mondes tenus pour distincts, porteurs de mémoires conflictuelles. Or, en dépit d’une rivalité trop souvent exploitée sur la scène publique, ils partagent des références et des imaginaires culturels, des espaces, des moments, des interstices du quotidien. Ils se fréquentent, se lient d’amitié, nouent des relations amoureuses, fondent des familles.

L’auteure souhaite rompre avec une représentation stéréotypée des Français d’origine algérienne et en historiciser le devenir identitaire. En posant, comme hypothèse initiale, que l’altérité algérienne a connu au moment de la décolonisation une mutation profonde, elle mène une ethnographie située de l’« effet 1962 ». Ainsi est-il question de dénouer les fils d’une appartenance éclatée afin d’en comprendre les sources et les lieux d’inscription, d’en appréhender les narrations et d’en évaluer les retentissements au quotidien.

Cet ouvrage apporte un éclaircissement empirique important sur les zones d’ombre qui hantent l’universalisme républicain et, plus généralement, les sociétés postmodernes: la saillance de l’ethnicité, la nature et la place des frontières entre groupes, les dynamiques et les imaginaires postcoloniaux.

Anthropologue, Giulia Fabbiano s'intéresse à l'espace post-colonial franco-algérien : ses mobilités, ses narrations identitaires et ses tropes mémoriels. Ses recherches récentes portent sur les politiques, les pratiques et les poétiques du "revenir" en Algérie et plus largement sur les circulations entre les deux rives de la Méditerranée. Elle est actuellement chercheuse post-doctorale dans le cadre du LabexMed, associée à l’IDEMEC (Aix-en-Provence) et au Mucem. 

Année
2017