Journées d'études autour de Michel Camau

Actualité de la question autoritaire en Tunisie

28-29 octobre 2016, 9h-17h45, hôtel Belvédère Fourati, Tunis. Co organisées par l'IRMC, l'IREMAM, WAFAW et l'Institut français de Tunisie. Coordinateurs scientifiques : Amin Allal et Vincent Geisser

S'il est sans doute vain de statuer sur le devenir démocratique de la Tunisie actuelle, de récents travaux en sciences sociales nous permettent de mieux cerner la situation politique émergente. Affranchis désormais des contraintes et des tabous qui touchaient tout propos sur le politique, des recherches inédites connaissent depuis 2011 un développement sans précédent, analysant minutieusement les différents modes d'énonciation et de fabrication du politique. Cette effervescence scientifique suscite une diversification des approches, des méthodes et des objets : mouvements sociaux, élites politiques, élections, organisations partisanes et sécuritaires, politiques publiques, médias, justice, syndicats, mobilisations locales et sectorielles, etc. En somme, la Tunisie devient un terrain d'études privilégié pour nombre de disciplines en sciences sociales, animées par une nouvelle génération de chercheurs, entretenant une relation de proximité avec leurs terrains d'enquêtes. De ce point de vue, l'on peut parler d'un renouvellement des recherches en sciences sociales sur la Tunisie, porté à la fois par des universitaires étrangers mais aussi, et, de plus en plus, par des enseignants-chercheurs émanant d'institutions locales. Toutefois, ce mouvement ne se greffe pas sur un terrain totalement vierge mais se nourrit très largement des travaux conduits par les générations précédentes de chercheurs qui, en dépit des conditions difficiles d'enquêtes et de diffusion des résultats, ont maintenu une "tradition" de recherche sur le politique. En la présence de Michel Camau, l'un des pionniers des études politiques sur la Tunisie contemporaine, l'objectif de ces journées d'études est de conduire une réflexion sur l'actualité de la question autoritaire, en favorisant les échanges entre des chercheurs appartenant à différents générations, lieux de formation et disciplines. Les intervenants exposeront leurs travaux basés sur des données empiriques de première main qui seront discutés par leurs pairs et les personnalités invitées.

Ces journées d'études n'ont pas vocation à emprunter le registre de l'hommage mais davantage de réfléchir aux modalités de fabrication du politique à partir des pistes de recherches initiées par Michel Camau [Michel Camau, "La transitologie à l'épreuve du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord", Annuaire de l'Afrique du Nord 1999, Paris, CNRS-Éditions, 2002, p. 3-9. Du même auteur, "Sociétés civiles "réelles" et téléologie de la démocratisation.", Revue internationale de politique comparée 2/2002, Vol. 9, p. 213-232]. En effet, ce dernier nous invite à prendre nos distances à l'égard des "mirages transitologiques" toujours prégnants dans les approches de sciences sociales sur la Tunisie et, qui retrouvent une certaine actualité, au bénéfice de la "transition politique", que d'aucuns célèbrent comme un "nouveau modèle" pour les pays de la région. Du coup, la fiction transitologique que l'on croyait pourtant appartenir au passé, parce qu'en partie invalidée par les mouvements protestataires de 2010-2011, tend à revenir en force dans les recherches en sciences sociales comme dans les stratégies des acteurs politiques internes et externes. 

Année
2016