Conférence "La sortie de l'autoritarisme dans le monde arabe : quels acquis et quels défis"

Dans le cadre du Cycle de conférences (IISMM/EHESS et Collège de France) "Révolutions dans le monde musulman l’actualité au regard du passé"

29 mai 2012, 18h-20h, EHESS Paris, amphithéâtre. Avec François Burgat, (DR au CNRS (IREMAM) et directeur de l'Ifpo). 
Le "printemps" inauguré par la déroute du président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali a fait très inopinément entrevoir la fin d’un long hiver autoritariste arabe. En Occident, l’image d’un monde arabe passif et culturellement inconciliable avec les aspirations démocratiques du reste de la planète est d’ores et déjà profondément transformée. Pendant plusieurs décennies, ni le caractère universel et profane des frustrations que suscitait l’autoritarisme ni les dégâts qu’il provoquait dans le tissu de la relation euro-arabe ne sont apparus comme tels au regard extérieur, y compris, pour une part, académique. Les Européens ont, en effet, eu longtemps une propension à se focaliser sur le fait qu’à partir des années 1980, dans les mobilisations protestataires, le lexique musulman avait pris le pas sur le répertoire socialisant des gauches nationalistes. Pendant trente années, les régimes ont ainsi facilement réussi à présenter à leurs partenaires occidentaux la fraction des oppositions que leur répression contribuait à radicaliser comme la seule alternative (menaçante) à leur pouvoir. Cette perception restrictive les a amenés à ignorer l’ampleur des dommages relationnels causés par leur fréquentation de partenaires très largement illégitimes. Les premiers résultats des urnes montrent désormais une réalité différente dont la rive nord de la Méditerranée va devoir s’accommoder : la première préoccupation d’une écrasante majorité des citoyens du Maghreb et du Proche-Orient n’est pas d’expulser de l’enceinte politique une référence religieuse qui s’avère intimement liée à leur identité nationale. C’est bien plutôt de résorber les profondes inégalités, politiques et sociales, que les élites post-indépendantistes, au nom de la lutte contre cet usage du lexique religieux (et avec les encouragements de la rive nord) ont trop longtemps laissées se creuser.

Année
2012