Colloque international "Power and Powerlessness. Religious minorities in the Midddle East/Entre pouvoir et dépossession. Les minorités religieuses au Moyen-Orient"

5 & 6 juin 2009, MMSH, salle 101, organisé conjointement par l'IREMAM et le département d'anthropologie sociale de l'Université de Bergen (Norvège). Responsables : Elizabeth Picard, directrice de recherche au CNRS et Anh Nga Longva, professeur d'anthropologie. 

La recherche universitaire sur les minorités, sur le droit des minorités et sur les relations minorité-majorité au Moyen-Orient est aujourd’hui en plein développement en ce qui concerne les mondes européen et nord-américain. En Europe en particulier, elle a été stimulée par les vagues de migrations depuis les années 1960 et les importants bouleversements démographiques qu’ont connus les sociétés locales. A la différence, les minorités au Moyen-Orient sont historiquement des sociétés locales et elles partagent un dense héritage culturel et mémoriel avec la majorité de la population. Pourtant, les structures sociales et juridiques y ont contribué à segmenter et distinguer au fil du temps les communautés religieuses, et dans une certaine mesure les communautés ethniques. Les Etats du Moyen-Orient ont adopté des visions et des traitements variés de leurs minorités ethniques et religieuses. Ainsi, la participation politique des Chrétiens de Syrie et de Jordanie est juridiquement fondée sur une mobilisation individuelle tandis que les minorités en Israël, au Liban, en Iran ou au Soudan – pour prendre d’autres exemples – font l’objet de quotas basés sur une affiliation officielle à une ethnie ou une confession. De plus, les manifestations sociales et politiques des minorités et la politique des identités pratiquée par les minorités s’adaptent aux dynamiques locales et aux mutations de leurs relations avec la majorité. Ainsi, les tensions politiques de ces dernières années, la crise économique et la montée de l’islam politique ont suscité une émigration massive des Chrétiens de la région. Surtout, la guerre en Irak a provoqué dans ce pays un bouleversement des hiérarchies de pouvoir. Depuis l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003 et la chute du régime ba’thiste, Chiites et Kurdes, minorités auparavant dépossédées et opprimées, ont obtenu une représentation politique accrue et de véritables positions de pouvoir. Le cas irakien illustre ainsi les tensions entre changement et continuité que l’on peut observer partout ailleurs dans la région. La réflexion collective s’attachera à la politique à l’égard des communautés, aux dynamiques communautaires et aux rapports majorité-minorité au Moyen-Orient, dans une perspective historique ainsi qu’à travers des approches anthropologiques et politologiques. Le titre « Pouvoir et dépossession » souligne l’intention d’aboutir à une vision plus nuancée et fondée sur des recherches de terrain, ainsi qu’à des avancées analytiques, voire même à des propositions théoriques, sur un sujet qui a été trop souvent obscurci par des approches émotionnelles et idéologiques.

Ce colloque international fait suite à un atelier organisé à Bergen en mai 2008, au cours duquel 14 des 20, participants qui se réuniront à Aix sont intervenus oralement. Dans la séance de réflexion collective qui a clôturé le workshop de Bergen, plusieurs outils conceptuels (pluralisme communautaire, trajectoire identitaire, violence structurelle) et méthodologiques (interactionnisme, attention aux représentations subjectives des agents, dialectique local-global) ont été retenus par l’ensemble des participants et un questionnement commun a été posé concernant les effets paradoxaux de la globalisation et de la crise de la formule stato-nationale sur les dynamiques sociales des minorités. Les participants à l’atelier de Bergen présenteront à Aix des communications écrites (soit la première version de chapitres d’un ouvrage collectif à paraître chez Brill).

Les communications seront organisées autour de quatre thématiques :

1. La politique des Etats envers les minorités du Moyen-Orient. Perspectives historiques et actuelles.
2. Minorité et citoyenneté dans le Moyen-Orient contemporain.
3. les dynamiques communautaires et la politique des identités des minorités religieuses du Moyen-Orient.
4. Les relations entre majorité et minorités au prisme des interventions étrangères et de la globalisation.

 

Année
2009