A vue d'esprit _ Catherine Erard et Pierre-Yves Moret _ du lundi 3 au vendredi 7 février 2014, de 16h30 à 17h00 Juifs et musulmans, la fraternité contrariée _ Retour sur l'histoire des rapports entre juifs et musulmans à travers les siècles. Une série proposée par Jacques Mouriquand. Jacques Mouriquand revient sur l'histoire des ces rapports en compagnie de trois invités : Benjamin Stora, Michel Balivet Les rapports entre juifs et musulmans sont aujourd'hui souvent résumés à leurs difficultés, mais c'est occulter une longue période de cohabitation relativement ouverte. "A vue d'esprit" revient sur cette longue histoire pour en dégager les heurs et malheurs et pour interroger notre rapport contemporain à cette question. Certes, les rapports entre les juifs et les musulmans sont traversés de tensions et de conflictualité, en particulier aujourd'hui. Mais il serait faux de résumer la longue histoire de ces relations à une simple opposition. Il faut rappeler la longue cohabitation historique, les particularités territoriales, l'importance du temps de l'Empire Ottoman et ses spécificités, la question de l'acceptation des minorités, et le contexte d'une pluralité culturelle, sociale et religieuse bien plus vaste dans laquelle il ne faut pas occulter la présence et le rôle des milieux chrétiens et ceux des religions antérieures, dont le chamanisme. Selon les travaux des chercheurs, il est possible de dégager trois grandes périodes de cohabitation. D'abord, un temps "d'infusion" mutuelle. Deuxièmement, une période de cohabitation. Enfin les heures de tensions relatives contemporaines. Cela rappelle que la fraternité entre juifs et musulmans n'est historiquement pas faite que d'opposition, et que la question religieuse de ces rapports culturels, politiques et sociaux est aussi à recontextualiser. Car, comme le dit l'un des interlocuteurs de cette série, s'il ne devait s'agir que d'histoire religieuse pour expliquer la conflictualité réelle entre juifs et musulmans aujourd'hui, comment expliquer que pendant treize siècles, ils aient pu vivre ensemble ? En effet, porter son regard sur la période entre le IXe et le XVIIIe siècle, c'est prendre conscience d'une période fascinante, où le vivre ensemble était très fort. Une considération historique nécessaire et instructive à l'heure où les appartenances religieuses sont souvent instrumentalisées. Jacques Mouriquand revient sur l'histoire des ces rapports en compagnie de trois invités. Benjamin Stora est Docteur en sociologie et Docteur d’Etat en Histoire, Professeur des Universités, enseignant de l’histoire du Maghreb contemporain, les guerres de décolonisation et l’histoire de l’immigration maghrébine en Europe, à l’Université Paris 13 et l’INALCO (Langues Orientales, Paris). Il a codirigé avec Abdelwahab Meddeb un important ouvrage intitulé "Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours", aux éditions Albin Michel. Michel Balivet est professeur émérite à l'Université d'Aix-Marseille, spécialiste de l’histoire seldjoukide et ottomane et de l’histoire des relations islamo-byzantines et turco-balkaniques. Historien des religions aux Universités de Lausanne et de Berne, Daniel Barbu est spécialisé dans l’histoire du judaïsme et les interactions entre le judaïsme et les autres cultures de la Méditerranée antique. En savoir plus sur le site de RTS

Ecoutez Michel Balivet

- le Mardi 4 février 2014, à 16h30 : Dans la diversité de l'Empire Ottoman Dans l'histoire des rapports entre populations juives et musulmanes, la période de l'Empire Ottoman mérite un regard rétrospectif particulier, de par son ampleur territoriale inédite que par ses spécificités. Car dans ses différents points d'ancrage, cet empire respectait une véritable diversité ethnique et tolérait une pratique religieuse relativement ouverte. L'idée moderne d'État-nation fait aujourd’hui oublier cette pluralité interne, quitte à ignorer que dans la Turquie actuelle, jusqu'à la fin du Moyen-Âge, la population fut majoritairement chrétienne. Michel Balivet, professeur à l'Université d'Aix en Provence, spécialiste de l'Empire Ottoman et de la Turquie, rappelle les composantes principales de l’Empire ottoman. - le Mercredi 5 février 2014, à 16h30 : Les échanges entre les peuples et les élites Du point de vue de l’histoire et des dogmes, l'islam ottoman peut se définir comme particulier, ouvert, où la religion n’était en soi pas un facteur d’exclusion. Les minorités étaient acceptées comme une composante du tout, un tout fait de diversités qui fonde un islam pluriel et tolérant pour les minorités. En guise d’exemple, dans la mesure où les gens payent l'impôt, on les laisse tranquille de prier le Dieu qui leur plaisait. Il se dit d’ailleurs qu'à l'époque ottomane, on a construit plus d'églises que sous Justinien. Professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, Michel Balivet dépeint un islam à la fois très fractionné en son sein et plus ouvert vers les autres que dans le discours convenu contemporain. - le Jeudi 6 février 2014, à 16h30 : La fraternité mystique Si les relations entre populations juives et musulmanes doivent largement être compris comme des échanges culturels, sociaux et politiques, les échanges religieux ont eu leur place spécifique. Pour l’Empire ottoman, c’est notamment le cas des contacts entre les communautés musulmanes, chrétiennes, voire juives à travers la grande présence des mystiques. L'islam ottoman a été traversé par de puissants mouvements mystiques, souvent à fort soutien populaire. Et ses grandes figures n'ont jamais craint d'aller au contact des autres confessions. Tout en évitant toute tentation d’angélisme, Michel Balivet, spécialiste de l’Empire ottoman, rappelle qu’il faut savoir revoir cette histoire en terme de cohabitation plutôt qu’en termes de stricte opposition. En savoir plus sur Michel Balivet
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