Projet DYSORU (2016-2019)

Projet DYSORU - Dynamiques sociales et recompositions urbaines en Algérie

Projet de recherche domicilié au CRASC. Chef de Projet : Saïd Belguidoum (IREMAM, AMU).

Notre projet de recherche se propose d’analyser les recompositions urbaines sous l’angle des dynamiques sociales en privilégiant comme entrée deux types de stratégies : celles à caractère résidentielles et celles qui sont engendrées par le redéploiement des espaces commerciaux conséquence du commerce transnational des produits de grande consommation. Notre hypothèse principale étant que les stratégies résidentielles et les dynamiques marchandes jouent un rôle fort dans les processus de reconfiguration des villes algériennes. Deux types de territoires urbains ont été prioritairement retenus pour étudier les mutations de la ville algérienne permettant une approche doublement comparative : entre les villes (Sétif et Oran) et entre les différents territoires de la ville (quartiers à dominante résidentielle et quartiers à forte dynamique commerciale). 

Deux grands axes de recherche sont développés : celui des dynamiques sociales et résidentielles se traduisant par la mutation des quartiers populaires et l’apparition d’un phénomène de gentrification et celui des dynamiques marchandes et de l’essor de nouveaux quartiers commerciaux.

Axe 1 - Mutations des quartiers populaires et gentrification urbaine

L’étude des trajectoires et des stratégies résidentielles est notre angle d’approche privilégié pour saisir comment la ville se redéploie tout en se refaisant sur elle-même, comment le lien social se redéfinit et de nouvelles urbanités se fabriquent. Aujourd’hui, les villes algériennes sont dans une phase active de leur reconfiguration et de nouvelles distributions socio-spatiales sont en œuvre signalant tendanciellement les distances socio-spatiales entre les groupes, leurs chances inégales d’accès aux biens matériels et symboliques.
Quartiers populaires périphériques, produits de l’urbain « informel » ou de l’urbanisme d’émanation populaire ou anciens faubourgs coloniaux, loin d’être marginaux, ils se restructurent et se transforment sous l’effet de nouvelles stratégies résidentielles. Il s’agit d’analyser la nature et l’importance de ces mutations, tant sous le plan de la population, des modes et style de vie (les urbanités) que de l’habitat proprement dit (modèles architecturaux et types d’habitation).
Ces transformations s’inscrivent dans une logique de gentrification des quartiers péricentraux des villes par l’installation d’une population plus aisée porteuse de capitaux culturels et symboliques différents, redynamisant ces tissus et modifiant leurs statuts. Ce phénomène, devenu classique en Europe, était encore, ces dernières années, complètement inédit pour les villes algériennes.

Axe 2 - Les espaces commerciaux dans la ville, la conquête des quartiers péricentraux par le commerce transnational

Depuis le début des années 2000 les activités commerciales marquent profondément le paysage urbain. Rues marchandes, marchés quotidiens ou hebdomadaires, le commerce et les services sont présents dans la ville à tous les niveaux, même si des hiérarchies spatiales sont évidentes dans son occupation de l’espace urbain. Nul quartier n’est dépourvu de locaux, intégrés au bâti, surgissant dans les endroits les plus inattendus, souvent des garages ou des rez-de-chaussée de maisons parfois encore inachevées, abritant tout type de locaux, allant de la petite épicerie jusqu’au centre commercial. Pratiques marginales pour les uns, lucratives pour les autres, le commerce réglementé ou informel est le signe d’un dynamisme inégal mais indéniable. L’arrivée massive des biens de consommation courante avec l’essor du commerce transnational se répercute dans les structures spatiales de l’activité commerciale. Si dans un premier temps, ce type de commerce s’est installé dans les périphéries urbaines, depuis une dizaine d’années il prend place dans la ville en s’appropriant les anciens quartiers coloniaux et les tissus péricentraux des villes. Cette tendance, déjà largement visible dans des villes comme Sétif (les quartiers de Tandja et Beau-marché) se manifeste avec force à Oran (Boudinar, Belguidoum, 2015). Ces pratiques commerciales participent activement aux nouvelles ambiances urbaines et sont devenues un des moteurs des reconfigurations urbaines.