ANR-DFG EGYLANDSCAPE (2019-2022)

Assiout vue de sa campagne, 1821, dessin de Pascal Coste

Photo : Assiout vue de sa campagne, 1821, dessin de Pascal Coste @ Nicolas Michel

"Land and Landscapes in Mamluk and Ottoman Egypt (13th - 18th Centuries) / Terre et paysages dans l’Égypte mamelouke et ottomane, XIIIe-XVIIIe siècles". Coordonné par Nicolas Michel et Albrecht Fuess

Le projet ANR-DFG EGYLAndscape a été sélectionné par l’Agence nationale de la Recherche et le Deutsche  Forschungsgemeinschaft. Il débutera le 1er avril 2019 pour une durée de trois ans. Nicolas Michel est Professeur d’histoire contemporaine, AMU, rattaché à l’IREMAM) et Albrecht Fuess est Professeur d’études islamiques, Philipps-Universität Marburg, Centrum für Nah- und Mittelost-Studien). Consulter le site web du projet.

Présentation (English below)

Ce projet est issu d’une collaboration au sein de l’ANR-DFG DYNTRAN Dynamics of Transmission : Families, Authority and Knowledge in the Early Modern Middle East (15th - 17th Centuries). Une partie des chercheurs impliqués dans DYNTRAN ont souhaité poursuivre leur collaboration en la centrant sur une question devenue essentielle : les transformations de l’Égypte rurale à l’époque pré-moderne. La recherche sur les espaces naturels et humains de l’Égypte a en effet atteint un seuil critique, et la réflexion ne peut désormais progresser qu’en mettant en commun disciplines et périodes (le Moyen Âge tardif, i.e. l’époque mamelouke, et l’époque moderne, i.e. ottomane). Les archéologues, devenus plus sensibles au contexte naturel et humain des établissements qu’ils étudient, se trouvent confrontés à une absence de données pour l’époque islamique, surtout à partir du XIIe siècle. Les historiens, notamment médiévistes, doivent faire face à un corpus limité de sources écrites et dépasser une histoire traditionnellement centrée sur Le Caire, afin d’ouvrir leur champ de recherche aux études rurales et environnementales. L’histoire environnementale de l’Égypte pré-moderne est un champ de recherche émergent. On a jusqu’ici surtout étudié l’histoire de l’agriculture, en particulier son intérêt économique pour les régimes successifs. On a moins exploré l’environnement rural dans son contexte écologique ou au regard de l’effet des changements démographiques. Le système hydraulique pré-moderne commence à être mieux compris, mais non évolution séculaire, ni son impact sur la géographie humaine. Par ailleurs, si l’usage de la terre a été étudié sous l’angle de l’agriculture et de la production alimentaire, nous appréhendons en revanche moins bien la nature des statuts fonciers et leur évolution durant les six siècles considérés. Aussi est-il important d’étendre le champ d’étude au-delà du cultivateur ou du village, en explorant les relations entre ville et campagne ainsi que celles entre villages. De vastes pans de l’Égypte restent sous-explorés pour les deux périodes, mamelouke comme ottomane, notamment le Désert oriental et la partie centrale de la vallée du Nil. Enfin, notre connaissance des types d’agglomération est lacunaire, et nous ignorons s’ils ont été affectés par les facteurs écologiques et les catastrophes, telles que les pestes et les changements de régime.

Ce projet entend rassembler historiens des textes et archéologues afin de jeter les bases de collaborations interdisciplinaires pérennes. Le développement d’un SIG permettra de mieux visualiser les transformations qui ont affecté les usages de la terre et de l’eau, la démographie, et l’écologie de l’Égypte ; ce SIG constituera une ressource de premier ordre pour les chercheurs à venir. Mettant en œuvre des sources variées et une approche pluridisciplinaire, le projet fera progresser le débat sur l’agriculture, les campagnes et la paysannerie de l’Égypte, ainsi que son écologie durant la période considérée.

This project grows out of a collaboration within the ANR-DFG project, Dynamics of Transmission: Families, Authority and Knowledge in the Early Modern Middle East (15th - 17th Centuries) ; hereafter, Dyntran. During that project, a subgroup of individuals discussed interest in continuing a partnership centered around transformations occurring within pre-modern rural Egypt, an issue of upmost importance at the current moment. Indeed, the state of research on natural and human spaces in Egypt has reached a threshold where reflection cannot progress without pooling together disciplines and periods (late Middle Ages, i.e. Mamluk, with the early modern, i.e. Ottoman). Archaeologists have become sensitive to the natural and human context of the settlements they study but face an absence of data for the Islamic period, especially after the twelth century. Historians, and especially medievalists, must deal with the limited corpus of available sources and move beyond traditionally Cairo-centric history in order to open the field of research to rural and environmental studies.

The environmental history of Egypt in the pre-modern period is a newly emerging field. Most extant work has primarily focused on Egypt’s agricultural history, especially its economic relevance for ruling regimes. Less research has explored the rural environment of Egypt within its ecological context or with regards to the impact of changing demography. The pre-modern hydraulic system is beginning to be better understood, but its evolution over centuries and its impact on human geography remains to be clarified. Furthermore, while land use has been considered in light of farming and food production, we know far less about the nature of land ownership and its evolution during the six centuries under scrutiny. Thus, it is important to widen the scope of study beyond the cultivator or the village, by exploring the interplay between the urban and rural as well as intra-village relationships. Large geographic stretches of Egypt remain nearly unstudied in both periods, especially the Western Desert and the Middle Nile Valley. Finally, there is a gap in the historical record regarding demographic settlement patterns, and how these patterns were driven by ecological factors and catastrophes – like the plague and regime direction.

In addressing these issues, this project proposes to bring together textual historians and archaeologists to build the foundations for perennial, interdisciplinary collaborations. Furthermore, the development of a GIS survey project will allow for a better visualization of the transformations happening within Egypt as regards land and water use, demography, and ecology ; the GIS will remain an invaluable resource for later scholars. With a variety of sources and a multidisciplinary approach, the proposed project will further the discussion on the changes occurring within Egyptian agriculture, its countryside and peasantry, and its ecology during the periods discussed.